"D'abord tu rencontreras les Sirènes, séductrices de tous les hommes qui s'approchent d'elles : celui qui, poussé par son imprudence, écoutera la voix des Sirènes, ne verra plus son épouse ni ses enfants chéris qui seraient cependant charmés de son retour ; les Sirènes couchées dans une prairie captiveront ce guerrier de leurs voix harmonieuses. Autour d'elles sont les ossements et les chairs desséchées des victimes qu'elles ont fait périr" . Hodyssé d'Homère
Dalila, trahit Sanson, fou amoureux d'elle en lui coupant les cheveux qui représentent tout son pouvoir dans le but de le livrer ensuite à l'ennemi. Cléopâtre se fait enrouler dans un tapis pour pouvoir rencontrer et séduire le beau césar. Marie Madeleine, celle que Jesus appelait « sa femme », la soit disant pécheresse repentie aurait été délivrée de ces 7 démons. Les charmeuses de nos contes et mythes sont ces femmes enchanteresse, malicieuse et machiavélique que l'homme redoute autant qu'il désire car derrière leur beauté indéniable se cache la quête morbide de détruire la cible de leurs charmes : l'homme en l'occurrence.
Qui sont les Don juan féminine qui ont envahi peu à peu les rues, les arts et qui ont mis le feu à la représentation puritaine de la femme au foyer ? L’émancipation de la femme étant intimement liée à son pouvoir de séduction, nous allons avancer en robe longue, en talons aiguilles puis en tenue légère d'époque en époque.
De 700 avt JC à 1800 « La femme mineure dépend de son père et la femme adulte de son mari ». Selon l'institution du mariage, la femme n'existe pas socialement sans la présence d'un homme.
En 1890, l'adultère est passible de prison : De 3 mois à 2 ans pour une femme qui consomme le rapport sexuel. La loi est plus flexible pour l'homme qui est condamné si il entretient une concubine dans son foyer conjugal.Se distingue alors, des femmes mariées dociles et disciplinées (qu'on se le dise c'est l’époque des mariages par intérêts, forcés), les marginales, les fougueuses qui vendent leurs charmes aux hommes mariés. A la belle époque, la séduction se paie !
Très chère, pour le bourgeois qui entretient sa maitresse dans un appartement particulier, qui paie sa toilette et ses sorties, tandis que le plus modeste va voir les filles de joie dans des maisons de complaisances.
« La femme fut un luxe public, comme les meutes, les chevaux, les équipages »
Emile Zola - 1880
Imaginez maintenant Paris, ha la belle époque !
Une époque où la France est à son apogée : exposition universelle, progrès industriels, Paris respire, Paris rit, Paris boit et Paris sent la Cocotte !
Les cocottes de Paris
Au moulin rouge, au folie Bergère et dans tous les endroits confinés, huppé qui sentent la cigarette à plein nez vont apparaître celles qu'on nomme : les demie mondaines, les cocottes, les poules, les grandes horizontales, les liones...
Ce sont des femmes belles et sulfureuses souvent provinciales venues conquérir le grand Paris.
Elles se distinguent par la surenchère de bijoux qui leurs pendent au cou, souvent les épaules découvertes, vêtues de matières nobles comme les dentelles qui laissent transparaître leurs formes généreuses.
Mais surtout ce qui distingue la cocotte de la femme dite « respectable » c'est son goût pour les frasques !
« Tout le long du dîner elle fut à la riposte, piaffa, fringua, malicieuse, espiègle, mordante, lançant à la volée le coup de griffe et le mot drôle, telle une chatte que taquinent maladroitement des mains étrangères, haussant le ton, émoustillé par l'extra-dry, les gestes frôleurs et les éclats de rire »
Description d'Emilienne Alençon, l'une des 3 garces de Paris de la belle époque
La courtisane de Paris n'est plus vulgaire elle est publiquement scandaleuse !
Les hommes ne leurs refusent rien, de la construction d'un hôtel particulier, aux rivières de bijoux, au chien assorti à la toilette, ils alignent et veulent que ça fasse du bruit ! Celui qui peut se payer ce genre de Poules n'est en effet pas n'importe qui.
Jamais la prostitution n'aura été aussi à la mode si bien que les femmes elles même se mettent à envier les libertines « les Grandes se cocotisent à l'envie ».
Elles sont les premieres à porter les chapeaux de Gabrielle Chanel, elles inspirent le domaines des arts (souvent danseuse ou comédienne) et écrivent pour la plus part des essaies et des autobiographies.
Ces sulfureuses vont disparaître peu à peu avec la guerre de 14/18, la plus part finissent fauchés, elles le disent elles même : elle n'ont aucune notion de l'argent et flambent à tout va jusqu'à finir cette fois sur le trottoir.
On passe maintenant derrière l’écran, la 1er à séduire le 7eme art n'est autre que la VAMP, on est alors en 1915.
De la Vamp à la fatale
Vamp pour vampire, le mot a muté au sens figuré, une créature belle, enivrante, sans scrupule qui séduit les hommes jusqu'à s'en saisir complément.
Theda Bara est la 1er VAMP du cinéma encore muet et pourtant dans sa gestuelle, ces yeux charbonneux et ses lèvres noires (forcement on est au N/B) on a pas vraiment besoin de sous titres pour ressentir la fougue qui l'anime dés qu'un homme s'approche ! Elle incarne dailleurs des femmes de feu : Salomé, la toute première Cléopâtre, Carmen.
Les vamps sont aussi cauchemardesques, qu'envoutantes. Pour vous donner une idée, c'est un peu la tête qu'on peut avoir en sortant d'une douche avec maquillage : l'oeil qui dégouline, le cheveu fou, l'air un peu en colère et perdu.
EN 1930, le cinéma sonore fait naitre dans un bain de grâce et de classe absolu, celle qu'on peut considérer comme la toute première Fatale : Marlene Dietrich !
« Avec son profond regard mélancolique, ses cils longs de trois centimètres, le nimbe doux de ses cheveux, ses traits classiques, son air mystique et son corps de panthère, elle n'aurait pas pu entrer dans une église sans aussitôt troubler le sermon. » Josef von Sternberg
Le sourcil épilé fin, le maquillage discret et rosé, les joues saillantes, Marlène ne ressemble plus aux femmes rondes et enfantines des siècles passés. Elle apparaît derrière l’écran comme dans la vraie vie comme une indépendante, classe et intelligente.
« Tout le monde buvait du champagne et essayait de se rapprocher de ma mère, qui se comportait à son habitude, comme si elle était seule sur une île déserte, et fumait tranquillement sa cigarette pendant que les dames et les messieurs la dévoraient des yeux, comme si de rien n'était. »
Description de Marlène par sa fille - 1933
Avec Dietrich, on arrive à une forme de séduction qui diffère des anciens codes, le désir est suggéré, le regard est subtil et intelligent, ignorer pour mieux piéger, pour mieux régner, on se fait attendre, on se fait désirer.
Fumer devient un atout de séduction, la fumée qui envoute, l’élégance du geste et le rapport buccal font de la cigarette un réel objet de désir.
Quelle âge à la séduction ?
Au cinéma dans les années 60 on distingue :
Les midinettes :
Brigitte naïve et mélancolique dans le Mépris avec ses questions existentielles sur son postérieur, la Jean Seberg de Godard avec ses cheveux à la garçonne, sa beauté androgyne et ses pantalons cigarettes, Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany qui sous ses airs de femme assumée aime se nourrir de plaisir enfantin et qui nous fait presque oublier sa destiné de prostitué.
Les Femmes mures :
La Cléopâtre de Liz Taylor, Signoret et son casque d'or, et cette chère Madame Robinson qui séduit
outrageusement le petit ami da sa fille dans le célèbre Graduate ou le laureat en français.
Coté littérature le scandaleux Lolita de Vladimir Nabokov nous livre un jeu de seduction à la fois malsain et poétique entre un quadragénaire et une gamine de 13 ans.
« Non pas humaine mais Nymphique, c'est à dire démoniaque, ce sont des créatures élues que je me propose de désigner sous le nom générique de Nymphettes ». Extrait de Lolita - 1955
Ce pose alors la question de la séduction interdite, celle de Humbert, heros pédophile dans lolita, celle de Delon tiraillé entre la jeune Berkin et sa femme Romy Schneider dans la piscine ou encore l'amour lesbien de Mulholland Drive.
L'adultère n'est t'il pas grisant parce qu'il est délibérément interdit ?
« La séduction est une danse langoureuse et onduleuse, un parfum qui envoute, un poison qui se repend, qui rend fou, un envoutement fatal une flèche qui vise et qui picote le cœur... C'est un instant félin où la chasse prend des allure d’opérette, vous êtes 2, la foule n'est plus, vous êtes narcissiquement vous et l'inconnu qui vous dévisage vous illumine à la perfection. Vous êtes magnifique là, à l'instant, un instant de grâce où tout devrait être permis puisqu'il fait parti d'une essence, d'un éclat, d'un pur jus de vie. »
Du court au nu
Les années 60 avait commencé à reconnaître la femme en lui donnant quelques privilèges, les années 70 vont la débrider !
1967 Légalisation de la pilule contraceptive.
1975 la loi Veil autorise l’interruption volontaire de grossesse.
La France respire les ondes Psychédélique du mouvement Hyppie, la contre culture des EU gagne du terrain en France. Après un Mai 68 revendicateur, les jeunes remettent en question les fondements de la société, ils prônent l'amour libre qu'il soit hétéro, homo ou bisexuel.
La Madone de la pop culture enfantera le sexy dans les année 90, mère de Britney et grand mère de Cyrus. En une vingtaine d'années on est passé du provoquant, au sexy pour finir complètement nu.
Alors qu'elle est la nouvelle définition de la séduction ? Est ce que la drague d’aujourd’hui se veut plus vulgaire que la séduction d’époque ?
J'ai questionné 5 amis hier soir - 2 femmes et 3 mecs :
Pour la plus part, quand je leur demande si il/elle se considère comme séducteur, ils répondent gênés ou franchement NON ! Est ce que c'est orgueilleux d'avouer qu'on sait plaire, qu'on peut plaire à tout le monde ?
Mon amie Irini répond oui avec une voie suave et charmeuse.
Pour tous, ce qui les séduit chez une fille c'est ce qu'ils ont du mal à faire : être à l'aise, créer le premier contact, se montrer drôle avec un brain de folie.
A l'inverse Irini, la séductrice de la table qui d'habitude est très tactile (grecque) nous confie que si le mec lui plait elle va opérer à un fin stratège, le jeu du chat et de la souris.
Quand à moi, parce qu'ils ont voulu me questionner, j'avoue être une séductrice d'un ton assuré qui cache je pense mon combat féministe. Je veux choisir, je veux tenir les reines...
En 2016 la seduction en dit long, la danse se joue à 2, les règles ne sont pas définies, on peut s'inventer dragueur ou se laisser draguer, on peut flirter ou esquiver.
On a tous divagué, dansé, rit dans le labyrinthe du flirt, un cocktail à la main, une clope à la bouche, devant une nuit infinie.
Elodie